Sorties géologiques en région parisienne...

... c'est-à-dire dans un milieu très urbanisé


En ville, le sous-sol est presque partout recouvert ou remanié. Cela concerne toutes les grandes villes et leurs banlieues, là où l'idée d'une sortie de terrain à vocation géologique parait tout à fait saugrenue.

Et pourtant, des possibilités existent, en voici quelques unes concernant l'Ile de France, dont certaines sont transposables ailleurs.


Première idée : les chantiers

Certes, ils sont par définition temporaires. Mais ils peuvent marquer les esprits des élèves s'ils voient une nouvelle construction s'ériger dans leur quartier.

C'est le moment de prendre des photos qu'on montrera en classe, assorties d'une recherche sur le site du BRGM pour savoir de quelle roche il s'agit.

Remarque : l'application gratuite I-Infoterre du BRGM géolocalise votre smartphone et affiche la carte géologique du lieu où vous êtes.

Strates de marnes photographiées sur le site du chantier ci-dessus.


Deuxième idée : les vieilles pierres

Les anciens construisaient avec des matériaux qu'ils récoltaient le plus près possible de leurs lieux de vie.

Ainsi, ils nous délivrent autant d'indices sur les roches du sous-sol de la région, du moins celles qui sont utilisables pour les constructions humaines.

Vieux mur Meudon
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Ce vieux mur de Meudon (92) est fait avec les trois principales roches utilisées traditionnellement pour les constructions.


Troisième idée : les points d'eau et leurs indices

En partant du principe que les premiers humains à s'installer en un lieu le faisaient avant tout en fonction de la ressource en eau, il est logique de penser que le centre ancien de chaque ville recèle parfois l'existence d'un aquifère surmontant une strate imperméable.

En voici la démonstration, applicable à de nombreuses communes de la région parisienne.

 

 

 

 

Prenons pour exemple cette fontaine, située dans le vieux centre de Meudon, commune de la proche banlieue de Paris, exempte de tout affleurement.


Voici la carte IGN...

... et la superposition de la couche géologique.

La fontaine se trouve à la base de la strate rose perméable du sable de Fontainebleau (aquifère), au niveau de la strate bleue de marne (couche imperméable).


Quatrième idée : le paysage

La lecture du paysage est une activité qui reste pertinente en ville. A condition de se faire aider par quelques connaissances et ressources documentaires, on y révèle comme ailleurs la structure du sous-sol.

Il faut juste un peu de relief et un point de vue dégagé. Ce n'est pas plus difficile à trouver qu'en pleine nature.

Ce méandre de la Seine au pont de Sèvres illustre bien la morphologie d'un méandre, avec une rive extérieure escarpée en raison de l'érosion fluviale et une rive intérieure abaissée et alluvionnaire


En forêt...

Même en ville, des espaces naturels existent. C'est là qu'on a le plus de chance de dénicher un affleurement, si petit soit-il.

Il suffit parfois de quelques roches alignées, d'un chemin escarpé bordé d'un talus sablonneux, voire simplement une souche d'arbre écroulé pour en apprendre beaucoup sur le sous-sol.

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Le rebord de Cuesta des hauteurs de la région parisienne se révèle le plus souvent en forêt.


Cette meulière qui protège le sable sous-jacent de l'érosion suffit à expliquer toutes les cuestas visibles dans le paysage.

En terrain tendre (argiles ou marnes), une souche d'arbre écroulé est parfois le seul moyen de découvrir ce qui se passe dans le sous-sol.


Et avec les élèves, comment faut-il s'y prendre ?

Il n'est pas toujours indispensable de faire une sortie. Des photos prises dans le quartier que les élèves reconnaissent peut suffire, surtout si on ramène des échantillons en classe.

Élaborer une sortie d'une demi-journée en milieu urbain ne réclame pas plus de préparation qu'en milieu naturel. Il faut cependant accepter de ne découvrir que des indices. C'est sans doute moins spectaculaire, mais en les présentant comme des énigmes à résoudre - avec l'aide de documents - le bénéfice pédagogique reste le même, comme le plaisir des élèves à sortir du cadre scolaire.