Manipuler des frises chronologiques
On ne le sait pas toujours, mais les adolescents maitrisent encore mal la notion de temps. C'est une question de maturation encore imparfaite du cerveau disent les neurophysiologistes. Même les
bons élèves buttent lorsqu'il s'agit de se repérer dans les très grandes durées de l'histoire de la vie. Que vaut un million d'années par rapport à la durée d'une vie humaine ? Nous même
avons du mal à nous représenter de telles durées.
C'est pourquoi, comme en histoire, on se sert de frises chronologiques, en matérialisant chaque durée par une distance entre deux points.
Une frise chronologique ? non, plusieurs, chacune d'elle sera utilisée dans un registre de temps différent des autres.
On commence par une frise chronologique s'étalant sur 1 million d'années, pas plus. C'est déjà beaucoup lorsqu'il s'agit de placer des évènements historiques et pourtant on ne va pas encore parler que de l'espèce humaine.
Où se procure-t-on ces longues bandes de papiers ? Elles sont réalisées à partir de rouleaux de papier à dessin de chez IKEA, à 5 euros les 30 mètres.
Chaque frise fait 2 mètres de long et couvre l'emplacement de 2 ou 3 places d'élèves.
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Le travail va consister à placer
chacune de ces étiquettes au bon endroit.
Certaines concernent l'histoire "récente" puisque la première parle de l'invention de l'écriture. C'est indispensable si on veut que l'élève découvre pas à pas la notion de très grande durée.
Toutes ne pourront bien évidemment pas être placées sur les frises. Voyons la suite...
Par exemple, la frise "I millions d'années" ne recevra que 4 étiquettes :
- L'apparition de l'écriture, tout près du 0,
- la grotte de Lascaux, à peine plus loin,
- l'apparition d'Homo Sapiens,
- l'invention du feu, bien avant que notre espèce existe.
La réalisation des frises suivantes se fait exactement sur le même principe : on ne place que ce qu'on peut placer.
On constate alors une chose : plus la frise couvre une longue période, plus les étiquettes ont tendance à s'accumuler près du zéro. C'est normal, les évènements les plus connus sont aussi les plus récents.
Ce processus d'accumulation a pour but de faire appréhender aux élèves les très grandes durées de l'évolution de la vie par rapport à celles, par exemple, concernant la préhistoire. L'exercice aura rempli son but si l'élève est capable d'expliquer en quoi l'expression "les dinosaures sont des animaux préhistoriques" est inexacte.
Concrètement, comment se déroule la séance ?
Elle commence par une démonstration du fonctionnement de la frise.
Il peut même être intéressant de commencer par la projection d'une succession de frises nettement plus courtes :
- 0 à 100 ans pour se représenter une vie humaine,
- 0 à 1000 ans pour repérer des étapes du programme d'histoire,
- 0 à 10 000 ans pour évoquer le passage à la préhistoire
- 0 à 100 000 ans pour commencer à parler de l'espèce Homo Sapiens
Ensuite, chaque groupe d'élève reçoit une frise, peu importe laquelle. Dès qu'elle est terminée et validée par le professeur, il peut en essayer une autre, puis une autre. Dans le cadre des 50 minutes d'une séance, les élèves parviennent à terminer en général deux frises, rarement trois, rarement les quatre. C'est juste assez pour qu'ils comprennent le principe.
Un exercice d'évaluation individuelle permet de clore la séance :
L'exercice est considéré comme réussi si l'élève pense bien à reporter plusieurs fois les numéros à chaque frise avec une accumulation près du zéro : il confirme ainsi qu'il a bien assimilé l'idée que les frises s'enchainent logiquement. Et s'il a simplement bien positionné les numéros sans se tromper, ce n'est déjà pas si mal !
Cela m'a-t-il pris du temps pour réaliser ces frises ? Honnêtement, un peu, oui, car il a fallu fixer les bandes de papier adhésif, indiquer les durées,etc... mais je me suis fait aider par des élèves.
Les couleurs ? Ce sont celles utilisées pour les scotchs d'électricien, disponibles dans les magasins de bricolage.